Quelques extraits de Seth et le garçon-sirène ...

 

Extrait n°1 :
« Les yeux fermés, Vincent et moi, nous nous retrouvons en secret à l'abri des rochers. Nous profitons de la brise marine qui murmure. Elle nous susurre des douceurs au creux de nos oreilles. L'huile solaire à la bergamote s'acharne à tanner notre peau nue. Sur le dos ou sur le ventre, nous nous imaginons être des fakirs grillés sur des tapis volants en grève. Le rire des mouettes nous berce et nous accompagne vers la trêve. Le temps est suspendu sur cette embryon de plage enserré entre les blocs de grès. Les galets ont même cessé de rouler. L'eau clémente les laisse se reposer. 

 C'est un jour férié. Un jour envié. Un jour à siester. Une frivolité frugale dont nous ne pourrions nous passer. Un plaisir de plus à s'offrir encore, une fois que le désir est satisfait. Un plaisir simplicité. Un temps de répit à répéter. Un temps de sursis à exploiter. » 


 

Extrait n°2 :
« La cité des Doges est le seul endroit où il se dit qu'on l'a vu vraiment. Le lieu unique où je peux réellement retrouver ses traces. Là-bas au cœur de la lagune dans l'île aux fantômes, dans le centre culturel maintenant ouvert à Poveglia, je vais rencontrer ceux qui ont peut-être croisé son regard. Autour de l'asile, je me rappelle des yeux écarquillés des derniers qui l'ont vu. De la panique dans leur voix à l'évoquer. Je les entends me dire que je ne pourrai jamais le retrouver. Que c'est Satan. Que personne n'a pu apprivoiser un garçon comme lui. Qu'il est trop sauvage. Que je dois être plus que « matto » de vouloir le poursuivre. Que je dois le laisser libre. »



 

Extrait n°3 :
« Le puissant sabre lumineux coupe dans la nuit le rideau de pluie. Il balaie sans cesse en rase-motte le port effacé et la mer brouillée. L'orage purge sa colère. Il disperse des éclairs cinglants. Il émet des roulements de tambour assourdissants et des explosions effrayantes. Un temps trop mauvais pour pouvoir surprendre entre deux flots un garçon-sirène. C'est sûr, l'absent doit se reposer au calme de son alcôve au fond des abysses. Le bienheureux ! » 

Un extrait de Takotsubo ...

L'article dans le journal local ...

Un corps décapité a été découvert le long du chemin des contrebandiers de la côte entre le port et la basse corniche dans la nuit de jeudi à vendredi. Le substitut du procureur s'est rendu sur les lieux. Ce dernier a requis la présence d'un médecin-légiste. Les gendarmes ont bouclé la zone. L'identité du corps demeure toujours inconnue.

Le corps sans tête a été découvert échoué, accroché à des rochers en contrebas du chemin. Il est environ 23 heures lorsque l'alerte est donnée aux pompiers. C'est un promeneur tenant à son anonymat qui se promenait sur le sentier dit des contrebandiers qui a fait cette horrible découverte : celle d'un cadavre dont la tête aurait été coupée. Appelés par le témoin qui a retrouvé le corps mutilé, les pompiers présents ont alors rapidement sécurisé les lieux ne pouvant rien faire pour la victime, et pour ne pas polluer ce qui pourrait s'apparenter à une scène de crime jusqu'à l'arrivée
des gendarmes.
L'affaire a été prise très au sérieux pour que dans la nuit même le magistrat du parquet de permanence de la ville se déplace sur le site pour superviser l'enquête.
— En tenant compte des éléments que nous connaissons tout ce que je peux dire, c'est que cette découverte macabre est inattendue et inhabituelle.
Il a tenu à préciser également qu'il faisait appel au concours d'un médecin-légiste pour comprendre ce qui s'est passé.
Selon nos informations, le corps serait celui d'un homme. Dans la nuit, les enquêteurs de la brigade de recherches ont débuté leurs investigations en gelant les lieux sur ce qui pourrait être le théâtre de cette horreur …
Joint par nos soins, ce vendredi, le procureur est encore peu prolixe sur cette affaire hors normes. Pour l'heure, l'identité du corps reste toujours inconnue. La thèse d'un acte terroriste ne serait pas privilégiée. Le parquet national antiterroriste de la capitale nous confirme qu'il n'a pas été saisi.

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